FO Cadres: Réforme des retraites: les contre-vérités du gouvernement ou les raisons de dire non à un projet injuste

17 février 2023


Mardi 10 janvier 2023, Élisabeth Borne a officiellement présenté le projet de réforme des retraites. Parmi les mesures annoncées figurent le report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, accompagné d’une accélération de l’allongement de la durée de cotisation à 172 trimestres en 2027, au lieu de 2035 comme initialement prévu par la loi Touraine.
La réforme pénalisera dans un premier temps les salariés qui ont commencé à travailler tôt. Ces derniers devront poursuivre leur activité malgré une durée de cotisation suffisante, alors même qu’un salarié sur deux n’est déjà plus en emploi au moment de liquider sa retraite. Elle pénalisera aussi les femmes, dont les carrières sont le plus souvent hachées. Les jeunes verront quant à eux leur entrée sur le marché du travail retardée. La réforme passe également sous silence la détérioration de l’état de santé des salariés que provoque le report systématique de l'âge de départ à la retraite.

La réforme n'épargnera pas non plus les cadres, dont 42% de ceux inscrits à Pôle Emploi le sont depuis plus d’un an. Si le report de l'âge semble moins pénalisant pour les cadres en raison de leur entrée plus tardive sur le marché du travail, 61% d’entre eux se disent toutefois inquiets ou très inquiets de ce recul et 55% d’entre eux se déclarent pas vraiment ou pas du tout sereins quant à leur fin de carrière selon une étude de l’Apec.

Les différentes réformes des retraites menées depuis une vingtaine d’année ont eu pour effet de réduire très fortement leur taux de remplacement, c’est-à-dire le pourcentage du revenu d’activité qu’ils conservent une fois à la retraite. Ce taux est aujourd’hui proche de 54% en moyenne pour l’ensemble des cadres et d’environ 47% pour des cadres percevant 120 k€ de revenus annuels.
L’accélération de l’allongement de la cotisation accentuera cette baisse notamment pour les générations nées en 1965 et 1966, qui devront cotiser trois trimestres de plus pour espérer avoir une carrière complète.
À l’appel de l’ensemble des organisations syndicales, des millions de travailleurs, d’hommes et de femmes se sont mobilisés les 19 et 31 janvier, le 11 et le 16 février, partout en France, pour dire NON à une réforme des retraites injuste. Malgré cette opposition le président Macron et le gouvernement Borne restent sourds.
Comment expliquer cette surdité ? Comment expliquer le dogmatisme qui entoure le choix politique d’une réforme que plus de 7 français sur 10 rejettent, tant les mesures d’âge qui la caractérisent sont tout aussi injustes qu’inefficaces ?
Comment ne pas s’étonner de la brutalité avec laquelle l’exécutif entend l’imposer alors même que l’urgence ne la commande pas ? Selon le Conseil d'orientation des retraites (COR), le système des retraites n'est pas en faillite et ses dépenses sont maitrisées, contrairement aux affirmations répétées du gouvernement. Et qui peut croire un seul instant à ce caractère d'urgence alors même que de nombreux ménages souffrent de la hausse continue des prix, que de nombreuses entreprises sont au bord du gouffre face à l’explosion des tarifs de l’énergie et que l’enjeu de la réindustrialisation reste plus que jamais un défi national, notamment face aux mesures protectionnistes Outre-Atlantique ?
L’urgence de la réforme n'est pas justifiée ; sauf par des raisons externes au système. La réforme ne vise nullement à préserver le régime des retraites de la faillite comme le prétend le gouvernement. La seule raison est que le gouvernement s’est fixé comme finalité le retour à des comptes publics sous le seuil de 3% à l’horizon 2027, conformément aux exigences de Bruxelles.

C’est uniquement dans ce cadre qu’il convient de considérer la finalité de cette réforme: servir l’objectif immédiat d’une réduction des dépenses publiques, dont celles consacrées au paiement des retraites. En d’autres termes, faire payer aux salariés la facture du « quoi qu’il en coûte » en programmant la baisse future de leur pension de retraite.


FO CADRES RÉFORME DES RETRAITES LES CONTRE-VÉRITÉS DU GOUVERNEMENT OU LES RAISONS DE DIRE NON A UN PROJET INJUSTE FO CADRES RÉFORME DES RETRAITES LES CONTRE-VÉRITÉS DU GOUVERNEMENT OU LES RAISONS DE DIRE NON A UN PROJET INJUSTE