ArianeGroup : André-Hubert Roussel va quitter ses fonctions de président exécutif



André-Hubert Roussel va quitter ses fonctions de président exécutif d'ArianeGroup. C'est le second poids lourd de la filière lanceur qui est amené à prendre de la distance. Le patron de Safran Electronics & Defense Martin Sion va prendre la relève.


Les déboires des lanceurs européens (Ariane 6, Vega-C) entraînent des changements de gouvernance profonds dans la filière. Les deux plus grands poids lourds du secteur ont été priés de trouver une autre orbite. Ainsi, après le patron des lanceurs de l'Agence spatiale européenne Daniel Neuenschwander, nommé nouveau directeur de l'exploration spatiale de l'ESA, c'est au tour du président exécutif d'ArianeGroup d'André-Hubert Roussel, qui avait succédé en janvier 2019 à Alain Charmeau, de quitter le pas de tir d'Ariane 6, selon plusieurs sources concordantes. D'autant qu'Ariane 6 pourrait ne pas être au rendez-vous en fin d'année, selon des sources concordantes. Le vol inaugural du futur lanceur lourd européen pourrait être décalé dans le courant du premier semestre 2024.

Sous forte pression depuis plusieurs année, André-Hubert Roussel s'est toutefois « bien battu mais la feuille de route dont il a hérité avait des objectifs très difficiles », explique-t-on à La Tribune. Car ce qui a été négocié en 2014 par Safran et EADS (devenu depuis Airbus), lors de la privatisation (ou le hold-up) d'Ariane 6, avait semble-t-il des objectifs trop ambitieux en terme de calendrier de développement (premier vol en 2020) et sur le plan financier. Des promesses trop dures à tenir. Aujourd'hui la relève est prête pour prendre la suite d'une équipe usée par une course contre la montre épuisante.

Martin Sion prend la relève

Selon nos informations, l'actuel PDG d'ArianeGroup va être remplacé par Martin Sion, le président de Safran Electronics & Defense, qui connait très bien le domaine des lanceurs. Une annonce devrait être effectuée en début de semaine prochaine. Contacté par La Tribune, ArianeGroup n'a pas souhaité commenter. L'arrivée de Martin Sion, qui est diplômé de l'École Centrale de Paris, va correspondre à une nouvelle ère de cinq à six ans, avec pour objectif de réussir le premier vol d'Ariane 6 mais aussi de réussir une montée en cadence très rapide afin de livrer les lancements signés (28 lancements au total dans le carnet de commandes). « Ces deux objectifs sont le challenge de Martin Sion », précise-t-on.

Dans le domaine des lanceurs, Martin Sion a occupé différents postes d'ingénierie au sein de la division Moteurs Spatiaux de Snecma avant d'être nommé début 2005 directeur technique de cette même division. En décembre 2006, il prend la tête de la direction « Démarche de Progrès » de Snecma avant de diriger le Centre d'excellence industriel « Habillage et Équipements » en février 2009. De septembre 2010 à juin 2013, il est à la tête de la division Moteurs Spatiaux à Vernon.

2022, annus horribilis

ArianeGroup, le maître d'œuvre des lanceurs Ariane et du missile de la dissuasion océanique française M51, a perdu près d'un quart de son chiffre d'affaires en 2022. En cause, la guerre russo-ukrainienne principalement et les retards d'Ariane 6. Le chiffre d'affaires du constructeur des lanceurs Ariane et du missile de la dissuasion océanique française M51 s'est élevé à 2,35 milliards d'euros (contre 3,1 milliards en 2021), selon des chiffres non consolidés. Après avoir perdu 39 millions d'euros en 2021, le maître d'œuvre d'Ariane 6 a réussi à dégager 19 millions d'euros de bénéfices.

2022 a été une année « annus horribilis » pour les lanceurs européens. Rien ne s'est déroulé comme prévu. Et le cauchemar a duré jusqu'à la fin de l'année. Tout a commencé avec le départ des Russes de Kourou fin février après l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la fin de l'aventure Soyuz au Centre spatial guyanais (CSG). Puis, l'ESA (Agence spatiale européenne) a annoncé le retard du vol inaugural d'Ariane 6 qui volera en principe pour la première fois fin 2023, selon l'ESA. Et enfin, le crash du nouveau lanceur italien, Vega-C lors de son premier vol commercial fin décembre, a fini de plomber le moral de la filière spatiale européenne (lanceurs et satellites), dont notamment le maître d'œuvre ArianeGroup.


Source : La tribune