Première réussie pour Ariane 5 en 2022



Le lanceur lourd européen a mis en orbite avec succès deux satellites de télécommunication à l'occasion de son 113e décollage, dans la nuit de mercredi à ce jeudi, depuis Kourou. La fusée se rapproche inexorablement de sa retraite, avec quatre vols restant d'ici à 2023, alors qu'Ariane 6 se fait attendre.


Ariane 5 avait achevé l'année 2021 sur un succès éclatant, avec le lancement, le 25 décembre, du télescope James Webb. Une mise en orbite si précise qu'elle devrait permettre à l'observatoire spatial de prolonger nettement sa durée de vie. L'année 2022 a, elle aussi, bien débuté.

Mercredi soir, à 23h50, heure de Paris, le lanceur lourd européen a décollé avec succès de Centre spatial guyanais de Kourou, pour sa première mission de l'année. A son bord, deux satellites de télécommunication, représentant une masse totale de 10,8 tonnes.

Quatre vols restants pour Ariane 5

Le premier, MEASAT-3d, conçu par Airbus Defense and Space pour le compte du principal opérateur de satellites malaisien Measat, doit porter le débit de données à travers toute la Malaisie. Le second, GSAT-24, construit par l'agence spatiale indienne (ISRO) pour l'entreprise publique New Space India Limited, rejoint une flotte déjà composée de 10 unités en orbite géostationnaire, offrant des services de télécommunication et de télédiffusion dans l'ensemble du sous-continent indien.

Ce décollage était le 113e d'Ariane 5 depuis 1996 - pour 108 succès. Il est surtout le premier des cinq derniers vols du lanceur. Le tir ultime doit avoir lieu en 2023, pour le lancement d'une mission de l'agence spatiale européenne (ESA) vers les lunes de Jupiter, baptisée « JUICE » - pour « Jupiter Icy Moons Explorer ».

Ariane 6 retardée

Alors qu'Ariane 5 se rapproche inexorablement de la fin de sa riche carrière, celle qui doit lui succéder se fait encore attendre. Dans une interview à la BBC, le 13 juin, le patron de l'ESA, l'Autrichien Josef Aschbacher, a annoncé qu'Ariane 6 ne volera pas avant 2023, mettant un terme définitif aux spéculations sur la possibilité d'un lancement d'ici à fin 2022.

Déjà décalé de deux ans en raison de la pandémie de Covid-19, le calendrier du programme a enregistré de nouveaux retards dans la dernière ligne droite. Les essais combinés entre le premier étage du lanceur et son pas de tir, à Kourou, n'ont toujours pas débuté, de même que la mise à feu du moteur réallumable Vinci, qui équipe l'étage supérieur, sur le banc d'essai de Lampoldshausen en Allemagne. L'ESA s'est engagé à fournir un nouveau calendrier le mois prochain.

Pour Arianespace, ce nouveau glissement de calendrier augmente le risque d'un vide entre le dernier vol d'Ariane 5 et l'entrée en service commercial d'Ariane 6. Un risque, encore hypothétique, qui n'empêche pas la liste de clients de s'allonger à ce stade. En avril, la nouvelle fusée a notamment décroché un méga-contrat avec Amazon pour 18 lancements de satellites de la constellation en orbite basse Kuiper. Arianespace avait alors précisé que l'accord prévoyait l'hypothèse de nouveaux retards sur le programme Ariane 6.

Vega C attendue

Le problème le plus immédiat concerne le segment intermédiaire. Depuis la décision de l'agence spatiale russe, en mars, d'interrompre les tirs de son lanceur moyen Soyouz pour le compte de l'opérateur européen, en réaction aux sanctions prises contre Moscou à la suite de l'invasion de l'Ukraine, Arianespace se retrouve privé de sa fusée la plus utilisée ces dernières années. Et Ariane 6, conçue pour remplacer à la fois Soyouz et Ariane 5 dans la gamme, n'est pas encore là.

Une partie du problème pourrait être réglée le mois prochain, avec le vol inaugural de Vega C, version plus musclée du lanceur léger italien Vega. Mais cette nouvelle fusée, dont la charge utile maximale restera deux fois inférieure à celle du lanceur russe, ne pourra pas combler tous les besoins.


Sources : LES ECHOS