La short-list se précise pour la succession de Joël Barre à la DGA



Emmanuel Macron s'apprête à désigner le remplaçant de Joël Barre, le délégué général de l'armement au ministère, qui finira son mandat fin juillet. Cinq profils se démarquent pour prendre la tête du maître d'oeuvre des systèmes d'armement et premier client des industriels de défense. Sa nomination déclenchera un jeu de chaises musicales chez les ingénieurs de l'armement.


Alors que la fin du mandat de Joël Barre à la tête de la Direction générale de l'armement (DGA) est programmée pour la fin juillet, la compétition entre les différents prétendants à sa succession bat son plein. Le mercato s'avère très serré, faute de candidat naturel.

Sur fond de guerre en Ukraine, l'Elysée devra choisir un profil particulièrement solide. Le futur délégué général de l'armement devra accompagner les débats à Balard sur le degré d'impréparation des armées françaises à une guerre de haute intensité. La réforme de la haute fonction publique, qui doit concerner les ingénieurs du corps de l'armement, ainsi que les chantiers autour du numérique, de l'avion et du char du futur, du porte-avions nouvelle génération et de la refonte des composantes de la dissuasion, figureront en tête des priorités du futur DGA.

Des profils internes dans le sillage de Joël Barre

Dans ce match très suivi au ministère des armées, une poignée de profils se distinguent. La polytechnicienne Monique Legrand-Larroche, à la tête de la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé) depuis quatre ans, fait figure de prétendante très crédible au poste. Seule femme présente dans la short-list du ministère, elle avait déjà été pressentie en 2017 pour succéder à Laurent Collet-Billon à la tête du premier acheteur de l'Etat. Si elle a la réputation d'un management parfois rugueux, Monique Legrand-Larroche a pour elle ses quatre étoiles d'ingénieure générale hors classe de l'armement. Son ancienne casquette de directrice des opérations à la DGA lui assure par ailleurs d'une parfaite maîtrise du fonctionnement de la maison.

L'ingénieur général hors classe Thierry Carlier présente un profil similaire. Le quatre étoiles dirige la direction du développement international de la DGA, après un parcours qui l'avait conduit au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). Ces deux hauts gradés pourront placer leur candidature sous le signe de la continuité du mandat de l'actuel DGA. Leurs chances seront toutefois moindres si l'Elysée et l'Hôtel de Brienne misent sur une rupture avec la politique actuelle du plus gros acheteur de l'Etat.

Toujours en interne, l'ingénieur général Benjamin Gallezot a hérité d'un strapontin de chargé de mission à la DGA, où il suivra le retour d'expérience sur le conflit en Ukraine, ce qui le rend disponible pour d'autres fonctions. Mais l'ancien candidat malheureux, il y a cinq ans, pour la direction de Naval Group s'est créé quelques inimitiés lorsqu'il était directeur adjoint du cabinet civil et militaire de Florence Parly, puis directeur de cabinet adjoint de Jean Castex. Ce général trois étoiles a suscité des frictions sur certains dossiers industriels ou à la DGA, une partie de ses interlocuteurs lui reprochant de se positionner en relais de Bercy. Enfin, ses plaidoyers en faveur d'une DGA plus agile et restructurée en agence laissent sceptiques des ingénieurs de l'armement confrontés à la montée en puissance des grands programmes stratégiques.

Thomas Courbe et Guillaume Poupard dans la course

Plus éloigné de Balard, le directeur général des entreprises Thomas Courbe pourrait de son côté signer un retour aux armées, vingt ans après avoir quitté la maison pour Bercy. L'ingénieur général trois étoiles, passé par l'institut Supaero, pourra toujours souligner son intérêt constant pour les questions d'industrie de défense, par exemple en tant que membre du Conseil général de l'armement (CGARM) ou comme administrateur, il y a une décennie, de Défense Conseil International (DCI) ou encore de Civipol. Sa nomination pourrait paradoxalement être freinée par ses bons résultats à la tête de la Direction générale des entreprises (DGE), un poste stratégique au ministère de l'économie, où il pourrait être renouvelé.

Côté geeks, la piste de Guillaume Poupard, actuel patron de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), apparaît crédible. L'ingénieur général trois étoiles, qui serait également très intéressé par un poste dans le privé, pourrait faire valoir son expérience dans l'interministériel acquise à la Tour-Maubourg. Son arrivée permettrait alors d'incarner un virage de la DGA vers la conception plus rapide d'outils numériques, une demande des militaires les plus tournés vers ce domaine.

Mercato en vue chez les cadres

Quel que soit le nom retenu, le changement de tête du DGA inaugurera un mercato chez les cadres de cette administration du ministère. Actuel DRH, l'ingénieur général hors classe Benoît Laurensou est sur le départ. L'abandon des différentes casquettes qu'il cumule entraînerait un appel d'air. L'inspecteur général Vincent Imbert doit aussi partir. Côté arrivées, Nicolas Fournier, l'actuel DG numérique des armées - un poste qu'il occupe depuis deux ans - fait des appels du pied pour un poste de directeur central à la DGA.


Source : LA LETTRE A