Ariane 6 : l'Agence spatiale européenne décale le premier vol à 2023



Le patron de l'Agence spatiale européenne (ESA) estime que le vol inaugural du nouveau lanceur lourd n'aura pas lieu cette année, comme espéré. Ariane 6 doit, à terme, remplacer Ariane 5 dans la gamme d'Arianespace, mais aussi les fusées Soyouz, dont les vols ont été stoppés par la guerre en Ukraine.

C'est une petite phrase, glissée au milieu d'une interview de près de vingt minutes. Répondant à une question sur les conséquences de l'arrêt des vols des fusées russes Soyouz depuis Kourou, en marge de la guerre en Ukraine, le patron de l'Agence spatiale européenne (ESA), l'Autrichien Josef Aschbacher, a déclaré au micro de la BBC lundi qu'Ariane 6 « sera bientôt prête à voler, l'année prochaine ».

Jusqu'ici, le premier tir du nouveau lanceur lourd européen était officiellement prévu fin 2022. En avril, le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël, avait confirmé ce calendrier aux « Echos », tout en reconnaissant qu'il était « ambitieux » et qu'il restait « encore des jalons importants à franchir ».


Essais combinés retardés

Et les essais au sol semblent avoir pris du retard. Les deux étages du lanceur sont arrivés à Kourou, en Guyane, mi-janvier. Mais ils se trouvent toujours au sein du Bâtiment d'Assemblage Lanceur (BAL) et n'ont pas encore pu débuter les essais combinés avec le pas de tir, dernière étape clé du processus de qualification du système.

En tant que maître d'ouvrage du projet, l'ESA a donc pris les devants en annonçant le report du vol inaugural à 2023, avant même la fin des essais qui devaient permettre de déterminer une date plus précise. Une manière de mettre un terme aux incertitudes liées aux retards constatés à Kourou. L'Agence spatiale européenne, qui a confirmé aux «Echos» la nouvelle ligne directrice dessinée lundi par Josef Aschbacher, évoque également les conséquences de la pandémie de Covid-19, qui a considérablement retardé l'avancée du programme. Elle a également rappelé que l'objectif était de ne pas précipiter les débuts d'Ariane 6.


Remplacer Ariane 5 et Soyouz

Conçue pour pouvoir être lancée sous deux configurations - une configuration lourde avec quatre propulseurs d'appoint et une moyenne avec deux propulseurs -, Ariane 6 doit remplacer, dans la gamme Arianespace, la vieillissante Ariane 5 et les fusées russes Soyouz. La décision prise par Moscou, en mars, de mettre un terme aux opérations de son lanceur pour le compte de l'opérateur européen, en réponse aux sanctions européennes après l'invasion de l'Ukraine, rend plus urgente encore l'arrivée de la nouvelle fusée européenne.

Tout nouveau retard dans la mise en service d'Ariane 6 représente un risque pour Arianespace, qui se retrouve pour l'instant privée de lanceur moyen. L'entrée en service de Vega C, version plus musclée de la fusée italienne Vega, dont le premier vol est prévu cet été, pourrait permettre de compenser en partie l'absence de Soyouz, mais pas entièrement.

Ariane 6 est également très attendue pour répondre à la demande grandissante en matière de lancement de constellations de satellites en orbite basse. En avril, la nouvelle fusée lourde européenne a d'ailleurs décroché un méga contrat avec Amazon pour le lancement de sa constellation Kuiper. Le premier des dix-huit lancements prévus devrait avoir lieu en 2024, à condition qu'Ariane 6 ait eu le temps de faire ses preuves d'ici là.


Source : Les ECHOS