Spatial : la France ne veut pas laisser les Américains seuls sur le marché des nanosatellites



L'entreprise toulousaine Hemeria vient d'être retenue par l'Etat et le CNES dans le Programme d'investissements d'avenir, afin de réaliser une plateforme modulaire pour les missions civiles, militaires ou scientifiques d'ici à 2024. Objectif : créer une filière française des nanosatellites sur un marché en forte croissance, largement dominé par les Américains.


Le constructeur de nanosatellites Hemeria, à Toulouse, va étendre sa gamme. Il fabrique en ce moment les plateformes des 25 nanosatellites de la constellation Kinéis (CLS) qui sera lancée en 2023 pour le système Argos et l'Internet des objets. Fort de ce premier contrat obtenu avec le soutien technique du Centre national d'études spatiales (CNES), il cherche d'autres clients sur ce marché en croissance. Mais il doit concevoir une nouvelle plateforme car l'actuelle a été conçue spécialement pour embarquer les équipements de Kinéis.


La PME de 250 salariés vient d'être retenue par l'Etat et le CNES dans le Programme d'investissements d'avenir (PIA), pour réaliser une plateforme modulaire pour les missions civiles, militaires ou scientifiques d'ici à 2024. L'investissement, cofinancé à 50/50 par l'entreprise et l'Etat, s'élève à 11 millions d'euros et Hemeria sous-traitera une grande partie des travaux à une dizaine de partenaires du « New Space » toulousain comme Anywaves, Erems, Comat, etc.


Polyvalence et performance


La plateforme HP-EOS (Earth observation science) pourra recevoir différentes charges utiles pour l'observation de la Terre du visible à l'hyper-spectral, la couverture radar, l'écoute de spectre (défense) et des missions scientifiques du CNES. Ce nanosatellite sera plus gros, de l'ordre de 50 kg, contre 27 kg pour Kinéis, et sera placé en orbite basse, entre 450 et 650 km de la Terre. La polyvalence n'empêchera pas la performance. « La plateforme sera ce qui se fait de mieux dans sa gamme avec des spécifications impressionnantes dans la précision de pointage, la puissance des panneaux solaires, la capacité d'accommodation de la charge utile et la durée de vie de cinq à huit ans », affirme le directeur général de Hemeria, Nicolas Multan, qui n'en dévoile pas le coût.


L'entreprise vise le marché militaire français et les missions scientifiques du CNES. Elle fait aussi partie du consortium de Starburst, candidat au projet de constellation pour les télécoms de la Commission européenne. Au-delà, Hemeria souhaite s'adresser au marché international et vise l'Asie, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, les nanosatellites permettant aux pays en voie de développement de se doter de capacités spatiales à moindre coût.


Marché international
« Les Etats cherchent une offre globale pour l'observation et l'IoT, ajoute Nicolas Multan.
Nous proposons de les aider à construire leur centre d'intégration et de test de 3 nanosatellites, à les opérer et à récupérer les données. Un programme comprenant un appareil, le segment de mission et les services sera vendu de 2 à 5 millions d'euros. »
Hemeria a organisé lundi à Toulouse une table ronde avec les acteurs du spatial français afin d'étudier l'évolution du marché des nanosatellites. Euroconsult prévoit le lancement de 13.912 « small sat » entre 2021 et 2030, contre 2.962 entre 2012 et 2020. Mais la moitié du marché (6.696 astronefs) provient des deux méga constellations pour l'Internet, Starlink de SpaceX et Kuiper d'Amazon. Les constellations de nanosatellites représentent l'essentiel du secteur spatial entre 2025 et 2030. « Le marché grandit en volume mais reste compliqué en valeur car les petits satellites doivent coûter peu cher. OneWeb a baissé le prix jusqu'à 1 million de dollars par satellite », observe Maxime Puteaux, consultant chez Euroconsult.


Source : Les Echos