Thales limite les dégâts et promet un rétablissement rapide



L'équipementier de défense et de sécurité limite la chute de son chiffre d'affaires à 13 % au premier semestre, grâce à l'intégration dans ses comptes de Gemalto. Une diversification bienvenue en temps de crise.

Les résultats semestriels de Thales sont loin d'être enthousiasmants, mais la chute est maîtrisée et valide les choix stratégiques du groupe, estime son président Patrice Caine. L'équipementier civilo-militaire se félicite ainsi de son acquisition l'an passé de Gemalto et de son incursion dans les nouveaux métiers du numérique et de la sécurité, qui limite son exposition à ses activités historiques dans l'aéronautique, aujourd'hui en crise. Défense, aéronautique, signalisation ferroviaire, spatial, cybersécurité et identité numérique, Thales souvent pointé du doigt par les analystes pour son éclectisme, souligne que cette diversité lui donne une résilience que n'ont pas les « pure player » dans cette crise sanitaire inédite. Au premier semestre, Thales a ainsi dégagé un chiffre d'affaires de 7,8 milliards d'euros contre 8,2 milliards, soit une baisse d'activité de 5,4%. Pro-forma, sans la consolidation de Gemalto, la chute aurait toutefois atteint 13,6 % du chiffre d'affaires. Faute de pouvoir ajuster rapidement effectifs et investissements, la profitabilité du groupe pour la première moitié de 2020 a pris un coup. Le résultat d'exploitation brut n'atteint plus que 348 millions contre 820 millions au premier semestre 2019, soit une chute de 58 %, et le résultat net consolidé, part du Groupe s'élève à 65 millions d'euros, en baisse de 88% par rapport au premier semestre 2019. 

Des prises de commandes encourageantes
Thales, qui a bloqué les embauches mais ne souhaite pas entamer de plan de réduction d'effectifs au-delà du non-remplacement de départs en retraite, souligne néanmoins que ces prises de commandes lui laissent envisager un rétablissement assez rapide. Les activités de défense (40 % du périmètre du groupe) dans le monde sont partout en progression, et Thales a opéré une bonne remontée en puissance dans le spatial, notamment grâce aux commandes des futurs satellites d'observation de la terre de la constellation européenne Copernicus .
Au premier semestre, le groupe affiche ainsi des prises de commandes de 6,1 milliards d'euros, en baisse de 13% par rapport au premier semestre 2019 et de 23% hors Gemalto. Un recul peu 6 inquiétant, plaide le patron de Thales, Patrice Caine, en soulignant que plusieurs grands contrats comme la part de la filiale néerlandaise de Thales dans la réalisation des frégates allemandes MK180 qui représente 1,5 milliard d'euros, est intervenue après clôture des comptes des six premiers mois, de même que les commandes de satellites européens.
Thales, qui a renoncé à verser un dividende, contracté une ligne de crédit de précaution de 2 milliards d'euros et mis au chômage partiel 20.000 salariés pendant le confinement, compte sur la bonne tenue de certaines activités en France, notamment dans la défense, pour garder ses équipes en France. Le groupe anticipe dès l'été le retour de la productivité interne à un niveau proche de la normale, hormis les effets des restrictions de voyage, des difficultés d'accès sur certains sites des clients, et quelques problématiques ponctuelles d'approvisionnement.
Thales prévoit sur l'année un chiffre d'affaires dans la fourchette de 16,5 à 17,2 milliards d'euros, intégrant des perturbations toujours importantes de l'aéronautique civile combinées au redressement de la productivité dans les autres secteurs et notamment à la bonne orientation des commandes du secteur Défense & Sécurité. Le groupe envisage des économies de l'ordre de 800 millions d'euros et parie ainsi sur un EBIT compris entre 1,3 et 1,4 milliards d'euros, soit une marge brute de 8% cette année contre 11% en 2019. 


Source : LES ECHOS