Airbus et Safran s'accordent sur le fonds d'aide à l'aéronautique



Après des divergences stratégiques, les industriels s'entendent sur le cap du futur du fonds de soutien d'un milliard d'euros, et choisissent la société d'investissement Tikehau pour le déployer.

Retour à la raison pour Airbus et Safran. Après des divergences de vues et un démarrage compliqué, les industriels avec Thales et Dassault ont fini par s'accorder sur les lignes du futur fonds public-privé appelé à voler au secours des PME et ETI de la chaîne de sous-traitance aéronautique.
Après un appel d'offres, ils viennent de choisir le favori… et quasi seul financier expert du secteur, la société d'investissement Tikehau, en guise de gestionnaire du fonds. Pour ne pas rater la marche de juillet promise par le gouvernement et face à l'ampleur de la crise, l'objectif est maintenant d'aller vite.
A l'annonce d'un plan de sauvetage pour l'aéronautique de 15 milliards d'euros début juin, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, et Florence Parly, ministre des Armées, avaient promis une première enveloppe de 500 millions d'euros dès ce mois-ci puis une montée à un milliard afin d'intervenir en fonds propres pour aider et contribuer à consolider la filière. 

Dassault et Thales, plus faibles donateurs 
L'Etat prévoyait d'abonder le fonds de 200 millions d'euros, via bpifrance, si les quatre principaux donneurs d'ordre français de l'aéronautique apportaient l'équivalent. Après discussions, Airbus a proposé 117 millions, Safran 58 millions, Dassault et Thales qui sont moins dépendants de l'aéronautique civil particulièrement impacté par la crise apportant 13 millions chacun.
Cette répartition étant actée, tout aurait dû se déclencher rapidement. D'autant plus que Tikehau - qui a repris ACE management piloté par Marwan Lahoud , l'ancien cadre dirigeant d'Airbus -, était d'ores et déjà d'accord pour injecter de son côté 100 millions et mener les levées supplémentaires. ACE management, qui plus est, avait piloté tous les fonds aéronautiques précédents (Aerofund 1, 2 et 3).
Mais pour la version 4, Safran a dit vouloir lancer un appel d'offres auprès d'autres sociétés de gestion. Plusieurs fonds sont alors entrés dans la course face à Tikehau, comme Eurazeo, Ardian, Innovacom et Raise, associé à Eiffel Investissement. Certains ont cependant préféré se retirer, faute de visibilité sur la stratégie : d'un côté, les constructeurs d'avions Airbus et Dassault voulaient veiller à la solidité des fournisseurs et donc les consolider pour construire des PME plus puissantes. De l'autre, les équipementiers Safran et Thales entendaient surtout combler les trous des fournisseurs les plus fragiles, tout en se demandant s'ils n'auraient pas intérêt à les racheter à la barre du tribunal… Tous n'étaient pas non plus alignés sur les soustraitants qu'ils entendaient soutenir, certains pouvant être jugés concurrents par d'autres donneurs d'ordre. L'idée a même été effleurée de créer deux fonds distincts.

Un objectif d'un milliard à confirmer 
Reste maintenant aux industriels à confirmer leurs intentions et à lever l'autre moitié restante . PDG de Dassault et patron du Gifas, Eric Trappier réclamait au moins 2 à 3 milliards d'euros pour consolider les entreprises et éviter qu'elles tombent aux mains d'acquéreurs étrangers plus fortunés. Mais une fois l'industrie mise à contribution par Bercy, il n'évoquait plus qu'un besoin d'un milliard.

Aujourd'hui, la mayonnaise pourrait ainsi très bien ne pas dépasser les 600 millions. Aerofund 4 serait alors un petit fonds de plus aux côtés des autres petits fonds stratégiques français comme Definvest pour investir dans des PME stratégiques de défense, lancé avec 50 millions. Pour les start-up de la Défense, l'Etat veut créer cet automne « Definnov », lequel aurait au mieux 150 millions… A cette échelle, les échecs ne manquent pas. En témoignent l'ex-projet de fonds de l' Intelligence Campus dans le renseignement, ou le dispositif d'In-Q-tel à la française, lancé après la prise de contrôle de Gemplus par l'américain TPG, en 2005 déjà.


Source : LES ECHOS