Newsletter N°2021-04 : Rationalisation de la filière spatiale européenne



Pour ArianeGroup, transformation continue, réorganisations à répétition et course dangereuse à la réduction des coûts seront peut-être bientôt remplacées par stabilité et performance !

En effet, l’Europe, consciente du handicap concurrentiel qui pèse sur les industriels, s’engage dans une réflexion globale pour améliorer la compétitivité de sa filière spatiale.

Il était temps à condition qu’elle y arrive en dépassant les intérêts nationaux !

 

AU-DELA DES ENJEUX DE SOUVERAINETE ET D’EXCELLENCE TECHNOLOGIQUE, CE SONT BIEN LES EMPLOIS DE LA FILIERE SPATIALE EUROPENNE ET NOTAMMENT CEUX D’ARIANEGROUP QUI SONT MENACES.

 

LA FEDERATION FO DE LA METALLURGIE, CONSCIENTE DE LA PROBLEMATIQUE, AGIT EN CE SENS AUPRES DES ACTEURS POLITIQUES.


L’argent public dépensé par l’Europe pour soutenir sa politique spatiale et en particulier ses lanceurs spatiaux civils (l’accès indépendant à l’espace lui confère une part de souveraineté) ne suffit plus. Il va falloir une remise en cause globale de l’organisation et du fonctionnement des institutions spatiales européennes. L’industrie spatiale est restée trop longtemps sous pression pour pallier la lourdeur d’une Europe d’un autre temps avec des budgets insuffisants pour permettre à son industrie d’être compétitive (ESA 14,4 Md€ dont 12,5 en 2020-2022, UE 13,2 Md€ en 2021-2027, CNES 2,3 Md€ en 2021, Fonds Européen pour la défense 7 Md€, ESA 218 M€ supplémentaire pour les retards A6 et 506 M€ pour Kourou, France plan de relance 515 M ).

Si l’Europe veut une industrie spatiale compétitive pour ne pas passer à côté d’un axe de croissance économique majeur alors elle doit se réformer pour pouvoir adopter elle-même une stratégie compétitive :

  • Résister dans le domaine des communications
  • Rattraper son retard dans le domaine de la connectivité
  • S’engager dans l’exploration et l’exploitation des ressources spatiales
  • Développer le militaire spatial

C’est le moment pour faire de l’ESA une véritable agence de l’UE, intégrée et efficace, pour mettre un terme à une agence intergouvernementale au service des intérêts nationaux. En effet, il y a du mouvement en Europe avec le changement du directeur général de l’ESA et en France avec la mise en place d’un nouveau président du CNES. Mr Stéphane Israël, un temps pressenti à la tête du CNES, se recentre sur la présidence d’Arianespace et conserve sa place au comité exécutif d’ArianeGroup. Les politiques français, Mr Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur en charge de l’espace (Europe), et Mr Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances en charge de l’espace (France), entre autres, sont convaincus du besoin de faire du spatial autrement.

Un groupe de travail est chargé de faire des propositions pour rationaliser notamment la filière des lanceurs. France, Allemagne et Italie vont devoir s’entendre pour présenter une feuille de route dés mi 2021.

Le fonctionnement pragmatique des activités spatiales à l’américaine est un exemple à ne pas négliger :

  • Un état souverain qui décide.
  • Une agence spatiale qui met en œuvre la politique spatiale décidée.
  • Une industrie intégrée qui propose des solutions compétitives mais qui aussi développe son propre modèle économique indépendamment des institutions.

L’Europe spatiale et son industrie pourront alors être plus ambitieuses en ouvrant leurs besoins de financement à des investisseurs privés (4,6 Md$ de levées de fonds en 2020 dans les activités spatiales dont la moitié par Space X).

Cette transformation des institutions spatiales européennes serait salutaire pour les activités lanceurs et donc ArianeGroup qui pourrait avoir une stratégie à plus long terme pour une plus grande compétitivité. Aujourd’hui la gestion d’ArianeGroup est sur le court terme avec des risques importants de perte d’excellence. La remise en cause des institutions pour dynamiser les activités spatiales permettraient une augmentation significative du besoin de lancement (il y a eu 26 lancements Falcon 9 en 2020, le lanceur de Space X, alors que notre prévisionnel pour A6 est de 9 tirs par an) mais à condition également de rationaliser notre industrie aujourd’hui éparpillée (retour géographique, lanceur lourd en France, lanceur intermédiaire en Italie, bientôt petit lanceur en Allemagne, une société de commercialisation majoritairement détenue par ArianeGroup mais qui doit faire jouer la concurrence).

L’histoire spatiale accélère (cf Persévérance) ; ne ratons pas le train des grandes nations spatiales du futur.