ArianeGroup, qui fera voler Ariane 6 au deuxième trimestre 2022, signe deux contrats
 capitaux.
 C’est le sprint final pour le programme Ariane 6. «Le premier vol de qualification du lanceur est
 prévu au deuxième trimestre 2022. D’ici là, nous avons encore plusieurs jalons à
 franchir», déclare au Figaro André-Hubert Roussel, PDG d’ArianeGroup, le constructeur
 d’Ariane 6, qui succédera à la version 5 de la fusée européenne, à partir de 2023-2024.
 Une fois le premier vol réussi s’ouvrira une période de transition pendant laquelle Ariane 5 - les
 huit derniers exemplaires sont en cours d’assemblage - et Ariane 6 coexisteront. Dès le second
 semestre 2022, Ariane 6 doit effectuer des missions pour le compte de ses premiers clients,
 les opérateurs de satellites de télécoms Eutelsat et Viasat ainsi que la Commission européenne.
 En cette mi-mai, le programme a franchi une étape clef avec la qualification de l’APU, un petit
 moteur d’appoint, qui équipe l’étage supérieur d’Ariane 6. Et qui permet notamment de propulser
 la fusée d’un point à un autre lors du déploiement de constellations, lorsque Vinci, son moteur
 principal, est éteint. «Avec l’APU, la totale polyvalence d’Ariane 6 est confirmée : elle pourra
 réaliser toutes les missions, sur toutes les orbites, avec tous types de satellites», souligne
 André-Hubert Roussel.
 Retombées pour Airbus
 Prochaine étape, l’expédition des éléments de la première Ariane 6 à Kourou en juillet prochain.
 La fusée sera assemblée au coeur du Centre spatial guyanais ; puis elle réalisera sa jonction avec
 le nouveau pas de tir, construit par le Centre national d’études spatiales (CNES). Les essais
 combinés du lanceur complet et du pas de tir doivent commencer cet automne. ArianeGroup et le
 CNES s’organisent pour tenir ce calendrier, malgré le reconfinement décidé en Guyane, lié à
 l’expansion du variant brésilien du Covid-19.
 Parallèlement, ArianeGroup accélère sur le front de la préparation de l’avenir. Le constructeur a
 signé lundi deux contrats d’une valeur de près de 150 millions d’euros auprès de l’Esa (agence
 spatiale européenne). Le premier (135 millions) prévoit la poursuite du développement de
 Prometheus, un moteur à très bas coût réutilisable. Ce moteur, utilisant plus de 70% de pièces
 fabriquées par impression 3D, permettra le retour sur Terre du premier étage de la fusée
 européenne. Il équipera Themis, le démonstrateur de premier étage réutilisable dont les
 premiers essais sont prévus fin 2022. «Cette technologie est nécessaire aux futures évolutions
 d’Ariane 6 ou d’une nouvelle génération de lanceurs européens», souligne le PDG d’ArianeGroup.
 Cela alors que l’américain SpaceX recourt à des fusées réutilisables depuis 2014. Une version
 hydrogène liquide-oxygène de Prometheus pourrait équiper une future version d’Ariane 6 en
 2025.
 Le second contrat (14,6 millions) porte sur le développement de technologies composites dans le
 cadre du programme Phoebus. L’objectif est de remplacer le métal par des matériaux
 composites plus légers. «Il s’agit de s’assurer que les composites carbone sont tout aussi
 étanches et robustes que les pièces métalliques pour l’hydrogène liquide extrêmement froid et
 pénétrant», souligne le PDG d’ArianeGroup. L’idée est de construire des réservoirs en carbone
 qui équiperont le futur étage supérieur léger, baptisé Icarus, d’Ariane 6. Dans ce cadre,
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 ArianeGroup et MT-Aerospace poursuivent leur coopération commencée en 2019. «Grâce au
 recours aux composites, Ariane 6 s’allégera de plusieurs centaines de kilos et améliorera sa
 polyvalence et sa capacité d’emport en orbite GEO (à 36.000 km de la Terre, NDLR)», insiste
 André Hubert Roussel. Aujourd’hui, Ariane est assez puissante pour placer 10 tonnes en orbite
 GEO et plus de 20 tonnes en orbite basse.
 La mise au point d’un réservoir en carbone embarquant de l’hydrogène liquide aura des
 retombées pour l’aéronautique, dans le cadre de l’avion zéro émission. ArianeGroup est membre
 du consortium associant Airbus, Safran et l’Onera, qui travaillent depuis début 2020 sur
 l’utilisation de l’hydrogène dans l’aviation commerciale.
Source : Le Figaro