Spatial : Paris et Rome s’unissent pour l’après-Ariane 6



La France et l’Italie appellent à une approche technologique et industrielle coordonnée afin de concurrencer SpaceX, leader des lancements de fusée.
Menacée de déclassement par l’irrésistible montée en puissance de SpaceX, l’industrie spatiale européenne se mobilise. Dans une déclaration conjointe, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, chargé par Emmanuel Macron du dossier spatial, et son homologue italien, Giancarlo Giorgetti, appellent à une «approche technologique et industrielle coordonnée» pour développer les successeurs d’Ariane 6, qui doit entrer en service en 2022. Paris et Rome ont créé un «groupe de travail sur l’avenir des lanceurs européens». Il doit rendre ses conclusions en septembre. Les deux ministres appellent l’Agence spatiale européenne et ses États membres ainsi que la Commission européenne à rejoindre ce groupe.
Le constat franco-italien est sans appel : «Les conditions économiques pour l’exploitation d’Ariane 6 et de Vega C, qui terminent leur développement, se sont considérablement détériorées par rapport aux hypothèses formulées lors du lancement de ces programmes en 2014.» Entretemps, SpaceX, soutenu par les financements de la Nasa, est devenu numéro un mondial des lancements avec le Falcon 9, une fusée réutilisable, avec laquelle il casse les prix sur le marché commercial. SpaceX a aussi permis aux États-Unis de retrouver leur autonomie dans les vols habités avec sa capsule Crew Dragon. Et il déploie à vitesse grand V une constellation géante en orbite basse.
Or, l’Europe n’a pas de constellation, dépend de la Russie et des États-Unis pour envoyer ses astronautes dans l’espace, et Ariane 6 ainsi que Vega C ne seront pas réutilisables. Il y a urgence à réagir. Mais il faut compter avec un contexte européen compliqué. L’initiative franco-italienne, avec derrière elle ses industriels, Ariane Group, constructeur d’Ariane, et Avio, fabricant de Vega, doit aussi se lire comme une tentative de faire contrepoids aux ambitions allemandes. Berlin ne cache plus sa volonté de développer une nouvelle famille de lanceurs à partir d’une micro-fusée. Cela au détriment du leadership historique de la France dans le programme Ariane et de celui de l’Italie dans les petites fusées.


Source : Le Figaro