La France lance sa troisième génération de sous-marins nucléaires



La Direction générale de l'armement vient de notifier un très important contrat pour autoriser Naval Group et TechnicAtome à engager la troisième génération de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, ceux qui portent la dissuasion nucléaire française.

 

La France a un socle, immuable : la dissuasion nucléaire. La ministre des Armées, Florence Parly s'est déplacée vendredi à Val-de-Reuil en Normandie pour officialiser le lancement des études de conception générale de la troisième génération de sous-marins nucléaires lanceurs d'engin (SNLE). 

Le montant de cet important contrat annoncé au Centre de recherches en hydrodynamique de la Direction Générale de l'Armement (DGA), et qui engage essentiellement Naval Group et TechnicAtome pour la propulsion nucléaire, n'est pas dévoilé. 
 

« Secret-défense » 

« Secret-défense », répond le cabinet de la ministre des Armées, rappelant que la dissuasion nucléaire consomme environ 12,5 % des crédits d'équipement de l'armée française en rythme de croisière. Un prix élevé pour l'assurance-vie de la défense française, qui n'a toutefois jamais été remise en cause depuis le lancement par le général de Gaulle de la première génération des SNLE en 1961.

Les quatre SNLE actuellement en service dans la marine appartiennent à la classe « Le Triomphant », ont été conçus à partir des années 1980 et ces sous-marins de deuxième génération, « Le Triomphant », « Le Téméraire », « Le Vigilant » et « Le Terrible » sont entrés en service entre 1997 et 2000.

 

Cinq ans d'études et des premières tôles

A Val-de-Reuil, la ministre lance donc le démarrage des études de la troisième génération de SNLE, le but étant de remplacer à l'horizon 2035 « Le Triomphant » par le nouveau sous-marin. Le contrat notifié par la DGA porte sur les études de développement jusqu'à la fin 2025, la réalisation des premiers éléments de coque à partir de 2023, celle de la chaufferie nucléaire ainsi que sur l'adaptation des moyens industriels de fabrication de Naval Group aux spécificités de construction du SNLE 3G. 

Néanmoins, cette troisième génération pourrait être moins iconoclaste que la précédente - elle doit se caler sur les missiles existants. Les SNLE 3G seront équipés, comme les SNLE actuel, de seize missiles de type M51, dont on dit qu'ils disposent d'une capacité de frappe équivalente à mille Hiroshima. Les missiles à têtes nucléaires M51 sont récents. Le dernier SNLE, « Le Téméraire », en a été équipé en 2018 et n'a réalisé son premier tir d'essai que l'an dernier.

La taille des silos nécessaires aux fusées M51 ne changeant pas, le design des SNLE 3G devrait ressembler comme une goutte d'eau à la flotte actuelle, même si les travaux lancés vont tout mettre en oeuvre pour améliorer encore la discrétion acoustique de cette nouvelle génération de sous-marins, pour renforcer leur furtivité, notamment en intégrant à bord une nouvelle usine de retraitement de l'atmosphère afin de tendre vers un zéro rejet gazeux. Il s'agit aussi de développer des senseurs, notamment les sonars, toujours plus performants.

Cette troisième génération a vocation à patrouiller au fond des mers jusqu'en 2090, si bien que ses équipages (une centaine d'hommes et femmes à bord) ne sont pas encore nés ! « C'est le rythme de ces incroyables programmes, lancés tous les trente à quarante ans, sachant qu'un SNLE réclame environ 15 millions d'heures de travail en développement et 20 millions d'heures de travail en fabrication », explique le cabinet de Florence Parly. 

L'idée est de permettre à une filière de vivre et de ne pas perdre son savoir-faire. Tout l'enjeu est d'éviter le phénomène Flamanville, cette centrale nucléaire d'EDF toujours plus coûteuse et jamais terminée. Les SNLE sont réalisés en cotraitance par Naval Group et TechnicAtome sous la maîtrise d'ouvrage de la DGA et du CEA. Ils font appel aux compétences de plus de 200 entreprises et représentent en permanence 3.000 emplois.


Source : Les Echos