Début des essais d’étages d’Ariane 6



Avant le premier vol d’Ariane 6, deux étages supérieurs et un étage inférieur du lanceur vont être soumis à une campagne de tests pour s’assurer de leur bon fonctionnement en tant que système, entre eux et avec le complexe de lancement. 

Après avoir quitté le site d’ArianeGroup à Brême, le premier étage complètement intégré d’Ariane 6 est parvenu le 16 février à Lampoldshausen, dans le Bade-Wurtemberg. Là, sur le site d’essai du DLR, il subira à partir du mois de mars une batterie d’essais de qualification, dans le cadre de la campagne HFM (Hot Firing Model). Cet étage ULPM (Upper Liquid Propulsion Module) est le premier exemplaire du second étage d’Ariane 6. Il est équipé d’un moteur Vinci et surtout du tout nouvel APU (Auxiliary Power Unit), le « moteur auxiliaire » qui lui fournira poussée modérée, pressurisation et énergie durant ses missions sur orbite. Encore unique au monde, cet APU permettra à Ariane 6 de mener des déploiements complexes, sur plusieurs orbites, notamment pour la mise à poste des constellations. 

L’étage a été installé sur le banc P5.2 du site, inauguré en février 2019, qui permettra de tester toutes ses fonctionnalités. Quatre allumages du moteur Vinci sont prévus en fin de campagne, au cours du deuxième trimestre. 

Premier exemplaire du second étage d’Ariane 6 (HFM : Hot Firing Model), chez ArianeGroup, à Brême. Crédit : F. Koch – Hill Media GmbH – ArianeGroup.

Deux autres modèles de l’ULPM sont en cours d’intégration à Brême : un pour les essais combinés bord-sol à Kourou (CTM : Combined Test Model), l’autre pour le vol inaugural au printemps 2022 (FM1). Les étages principaux LLPM (Lower Liquid Propulsion Module) pour les essais combinés (CTM) et pour le premier vol (FM1) sont également en cours d’intégration chez ArianeGroup aux Mureaux, à l’ouest de Paris. 2 8 

 

Les deux étages CTM (LLPM et ULPM) seront expédiés en Guyane cet été, une fois le complexe ELA-4 achevé par le CNES.

Les essais au sol des moteurs P120C ont été achevés avec le tir au banc du 7 octobredernier. Les deux moteurs qui constitueront les accélérateurs du premier vol doivent également être chargés en propergol prochainement à l’UPG (Usine de propergol de Guyane), à Kourou. 

ARIANE 6 DOIT ABSORBER LES EFFETS DE LA CRISE

Ces avancées sont une bonne nouvelle mais elles ne rattrapent pas encore les dix-huit mois de retard accumulés par le programme depuis 2017, en partie en raison des difficultés rencontrées lors des développement des moyens au sol et de l’APU, mais aussi à cause de la crise du Covid-19. La pandémie a interrompu les activités en Europe comme en Guyane l’an dernier et les contraintes sanitaires ont sérieusement ralenti leur reprise.

Pendant plusieurs mois, sur le chantier de l’ELA-4 (Ensemble de lancement n°4) en Guyane, les effectifs étaient réduits de moitié et la productivité des équipes aussi. En conséquence, ce qui aurait demandé une journée de travail avant la pandémie en prenait désormais quatre.

En parallèle, il a fallu porter assistance à la chaîne de sous-traitance en Europe, dont certains acteurs ont été particulièrement touchés par la crise. Ainsi, CNIM, à la Seyne-sur-Mer, vient-elle tout juste d’échapper au démantèlement. Cette société fournit notamment les carters de tuyères pour les accélérateurs d’Ariane 5 et Ariane 6, ainsi que pour le premier étage de Vega.

Pour ArianeGroup, l’exercice 2021 s’annonce très difficile avec de nombreuses activités en cours mais peu de livraisons : seules trois Ariane 5 sont annoncées cette année par Arianespace, qui assurera l’essentiel de ses lancements avec des Soyouz russes ou des Vega fournis par Avio.

Néanmoins, pour surmonter la crise du Covid-19, qui aurait coûté jusqu’à 370 M€ à l’industrie, l’ESA a accepté en décembre de débloquer une rallonge de 218 M€ au programme de développement d’Ariane 6. Il s’agissait de son seul programme – avec ExoMars – à ne pas comporter de marge pour les impondérables.


Source : Aerospatium