La Chine lance à son tour sa première sonde vers Mars



Trois jours après les Emirats arabes unis, la Chine a lancé avec succès une sonde qui va parcourir un long voyage jusqu'à la planète rouge. Avec cette première mission indépendante, l'ambition du géant asiatique est de parvenir à poser un atterrisseur sur Mars, pour en faire sortir un petit robot téléguidé. 
 
Pour sa première mission indépendante vers Mars, la Chine voit les choses en grand. Le géant asiatique vient de lancer une sonde vers la planète rouge, avec pour objectif d'accomplir en une tentative, presque tout ce que les Etats-Unis ont réalisé en plusieurs missions depuis les années 1960.
Sa sonde a été propulsée dans un ciel d'azur par une fusée Longue-Marche 5, la plus puissante de la panoplie chinoise, qui a décollé ce jeudi à 6 h 41 (heure de Paris) dans un nuage de fumée du centre de Wenchang, sur l'île tropicale de Hainan. L'agence spatiale a confirmé une demiheure plus tard la réussite du lancement de la mission, dénommée « Tianwen-1 » (« Questions au Ciel »), en hommage à un poème sur l'astronomie, écrit il y a deux millénaires par Qu Yuan. 

Un long voyage commence maintenant pour la sonde. L'engin de près de cinq tonnes va mettre environ sept mois à parcourir les millions de kilomètres qui nous séparent de notre voisine du Système solaire, puis l'orbiteur insérera la sonde en orbite autour de la planète. Après une phase de repérage de deux mois et demi environ, l'atterrisseur se séparera de la sonde afin de tenter une rentrée atmosphérique.
 
Rentrée atmosphérique délicate
 C'est à cette étape que les manœuvres seront particulièrement délicates, car l'atmosphère de Mars, très peu dense, ne permet pas un freinage naturel comme sur Terre. « En arrivant à proximité de Mars, il est très important de décélérer », a souligné Liu Tongjie, porte-parole de la mission, devant la presse. « Si le processus de décélération n'est pas réalisé correctement, ou si la précision de vol n'est pas suffisante, la sonde ne sera pas attirée par Mars ». Une fois posé sur le sol poussiéreux de la « planète rouge », l'atterrisseur doit faire sortir un petit robot téléguidé afin qu'il mène des analyses en surface. En cas de succès, la Chine 13 deviendrait le premier pays à réussir à faire atterrir et déployer un rover dès sa mission inaugurale.
Le robot, de plus de 200 kilos, emporte six instruments scientifiques lui permettant de fournir des images sur la topographie de la surface de Mars, d'examiner la glace d'eau souterraine ou encore d'analyser le champ magnétique de la planète.
 
« Ce serait une première dans l'histoire » 
Les résultats de cette mission seront suivis de près par les autres puissances spatiales.
Pour la Chine comme pour les Emirats arabes unis il y a trois jours, cette mission martienne constitue une première visant à témoigner de leur maîtrise technologique et de leur ambition de devenir une puissance spatiale. « C'est manifestement un événement marquant pour la Chine. C'est la première fois qu'elle s'aventure au loin dans le système solaire », a indiqué à l'AFP Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l'astrophysique, aux Etats-Unis. La Chine s'était associée par le passé à la Russie pour envoyer un robot sur Mars en 2011 mais la fusée de fabrication russe transportant la sonde n'était pas parvenue à quitter l'orbite de la Terre.
Jusqu'à présent, seuls les Américains ont réussi à faire atterrir des robots intacts sur Mars, notamment les rovers Pathfinder, Spirit, Opportunity et Curiosity, le seul encore actif. L'Europe avait tenté de faire se poser son module Schiaparelli en octobre 2016, mais celui-ci s'était crashé en raison d'un problème de logiciel de navigation.
 
Une fenêtre vers Mars tous les 26 mois
La distance entre la Terre et Mars varie, et c'est seulement tous les 26 mois que notre voisine se rapproche à « seulement » 55 millions de kilomètres de distance. Le 21 juillet, les Emirats arabes unis ont eux aussi profité de cette courte fenêtre de tir pour lancer leur sonde spatiale Al-Amal (« Espoir »). Les Etats-Unis prévoient aussi d'envoyer une sonde entre le 22 juillet et le 11 août qui déploiera sur Mars un rover appelé Perseverance. 

Source : LES ECHOS