Dassault Aviation s'inquiète de son futur carnet de commandes



A l'occasion de la publication de ses résultats semestriels, l'avionneur a prévenu qu'il n'espérait plus livrer que 30 avions Falcon cette année, soit un quart de moins que prévu. L'avionneur est financièrement solide mais le groupe a désespérément besoin des commandes de l'Etat. 

Dassault Aviation a enregistré un bénéfice net en chute de 87 %, à 32 millions d'euros, sous l'effet de la crise provoquée par l'épidémie de Covid-19. Le groupe n'a pas encore enregistré d'annulations de commandes d'avions d'affaires, mais il subit des décalages et donc ne table plus que sur 30 livraisons annuelles de Falcon en 2020 contre 40 anticipées. « Nos clients, pour certains, ont décalé la date des avions à livrer » et « les commandes ne sont pas au rendezvous », a expliqué Eric Trappier, le PDG. Côté avions de combat, l'avionneur a livré 7 Rafale à l'Inde et au Qatar au premier semestre et compte en livrer 13 sur l'année , comme prévu. L'avionneur anticipe au final une très petite année.
Au premier semestre, le chiffre d'affaires ajusté, en baisse de 13,6 %, s'est établi à 2,6 milliards d'euros, dont un milliard pour les exportations de Rafale, à comparer à 3,1 milliards au premier semestre 2019. Le plus inquiétant se joue du côté des prises de commandes, qui se sont effondrées de 66 %, à 984 millions d'euros contre 2,9 milliards de commandes à la même époque de 2019, avec des demandes pour 5 Falcon et aucune nouvelle commande pour le Rafale. Dassault déclare toutefois que son carnet de commandes s'établit encore à 16,2 milliards fin juin, dont 9,5 milliards pour les Rafale à l'exportation.

Discussion sur le Rafale 
Eric Trappier a évoqué une note d'espoir avec une « remontée forte de l'activité aérienne » observée dans l'aviation d'affaires ces dernières semaines, notamment aux Etats-Unis et « beaucoup de transactions » sur le marché de l'occasion. « En fonction du retour de la commande Falcon, nous verrons comment adapter nos effectifs », a-t-il indiqué, précisant que le groupe aurait recours au dispositif d'activité partielle de chômage longue durée. Dassault maintient toutefois ses crédits de recherche et de développement (262 millions au premier semestre) sur les Falcon et confirme la mise en service du Falcon 6X en 2022.
S'agissant du Rafale, essentiellement produit pour l'export (Egypte, Qatar et Inde) ces dernières années, et du secteur de défense, « l'inquiétude, c'est que l'export va se décaler » avec des Etats moins enclins à passer commande de matériels en période de crise économique. Or le modèle économique du secteur de la défense en France « s'appuie sur les exportations ». A l'heure actuelle, faute de nouvelles commandes à l'export, Dassault n'aurait ainsi aucun 5 Rafale à livrer entre mi-2024 et 2027, quand la France reprendra ses livraisons d'avions de combat, relèvent les députés Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot dans un rapport. « Pour livrer un avion à l'export mi-2024, il faut que la commande afférente soit passée avant fin 2020 », écrivent-ils, en proposant donc que Paris commande une vingtaine de Rafale supplémentaires dans le cadre du plan de relance afin de soutenir également toute la chaîne de fournisseurs de l'avionneur, fortement touchée par la crise du secteur aéronautique. « Nous discutons de toutes les options avec le ministère des Armées, a reconnu Eric Trappier. Mais tout nouveau contrat à l'export serait aussi bienvenu ».
Pour l'instant, ce sont déjà les commandes du ministère des Armées pour des Falcon militarisés, comme le programme Archange d'avions Falcon 8X pour remplacer les C-160 Gabriel dans les missions de renseignement et guerre électronique ou le programme Albatros (commande de 7 Falcon 2.000 LXS) au profit de la Marine Nationale, qui soutiennent l'activité de l'avionneur.


Source : LES ECHOS